PER I NOSTRI AMICI FRANCOFONI UN'ALTRA BELLA PROPOSTA DEL CERCLE DU LIVRE
De David Foenkinos, nous avions déjà lu, il y a quelques années, “Charlotte” qui nous avait beaucoup plu. Par conséquent, nous avions quelques appréhensions devant ce nouveau titre: “Le mystère Henri Pick”. Mais d’abord, quelques infos sur l’auteur.
Il est né en 1974 à Paris. Il est le frère du réalisateur Stéphane Foenkinos. Enfant, il lit peu, pas de livres à la maison. Mais à 16 ans, il sera hospitalisé de longs mois pour une maladie pulmonaire rare; il va passer le temps de l’immobilité à lire, peindre et de jouer de la guitare. Plus tard, il mènera de concert des études littéraires à la Sorbonne et des études de musique. Après avoir tenté de monter un groupe de musique jazz, il se tournera vers l’écriture, fera quelques stages dans différentes maisons d’édition. Après quelques manuscrits refusés ( Tiens..lui aussi!?), en 2002, enfin, Gallimard accepte de publier “Inversion de l’idiotie” pour lequel il obtient le prix François Mauriac. Viendront ensuite “Le potentiel érotique de ma femme”, “La délicatesse”, véritable tournant de sa carrière littéraire.. Son frère et lui en feront une adaptation cinématographique qui obtiendra deux Césars en 2012. En 2014 il publie “Charlotte” encensé par une partie de la critique. C’est grâce à ce succès que la protagoniste, Charlotte Salomon sortira de l’oubli et le grand public pourra connaître son destin tragique et admirer ses œuvres dans plusieurs expositions.
UNE HISTOIRE VRAIE
“Le mystère Henri Pick” s’inspire d’une histoire vraie: la bibliothèque des livres refusés inventée par l’écrivain américain Richard Brautigan dans son roman L’avortement. Après sa mort, une de ses amies crée la Brautigan Library à Vancouver, véritable refuge pour écrivains incompris, en mal de succès. Foenkinos imagine que le bibliothécaire d’une petite ville du fin fond de la Bretagne, Crozon, y installe la version française de la bibliothèque des livres refusés.
Le héros est-il le mystérieux Henri Pick, pizzaiolo de son état, décédé, supposé être l’auteur du manuscrit découvert dans la bibliothèque des livres refusés de Crozon et jugé excellent par la jeune Delphine employée aux éditions Grasset et donc digne d'être publié? ou plutôt Jean Michel Rouche, ce journaliste dépressif mais obsédé qui, dès la parution du roman juge l’affaire louche “ça sentait la mise en scène littéraire”, décide de mener son enquête et en fera un combat personnel. Il rencontrera les personnages impliqués : Madeleine, la veuve d’Henri Pick, droite et discrète, Joséphine sa fille, Delphine la jeune éditrice pleine d’enthousiasme, Magali qui a succédé au bibliothécaire de Crozon créateur de la bibliothèque des livres refusés . Et voilà, qui dit enquête, dit suspense et donc roman policier. Mais pas seulement… il y a bien d’autres aspects intéressants dans ce roman.
UN HOMMAGE À LA LITTÉRATURE
On peut dire que c’est un véritable hommage à la littérature. On y découvre les affres de la création littéraire en suivant Frédéric Koskas dans ses tentatives d’écriture. On y découvre les coulisses d'une maison d’édition ( les différentes figures professionnelles, la naissance d’un best-seller, le marketing, les prix littéraires… etc).
Foenkinos mélange habilement réalité et fiction: on y rencontre donc des personnages qui existent vraiment: François Busnel, l’ex présentateur de la Grande Librairie , Augustin Trapenard, l’actuel, Jack Lang, ex ministre de la culture, les grands éditeurs français, les écrivains Michel Houellebecq et Valérie Trierweiler et le déchaînement des médias à la sortie de leurs livres respectifs, “Soumission” er “Merci pour ce moment”. et Frédéric Beigbeder qui, selon Foenkinos aurait écrit “Pick, c’est moi!”.
On apprend l’incroyable histoire de Vivian Maier, cette extraordinaire photographe que le monde ne découvrira qu’après sa mort lorsqu’un jeune cinéaste met à jour les milliers de clichés de cette femme qui gagnait sa vie comme gouvernante et mourra dans la misère la plus totale.
On y apprend aussi que même Marcel Proust s’est vu refusé Du côté de chez Swann et a dû publier lui-même son roman et que Julien Gracq avait refusé le prix Goncourt en 1951…
Pour ce qui est des opinions des participantes à notre rencontre du cercle, encore une fois Foenkinos a rencontré les faveurs de toutes.
On a aimé l'intrigue policière, la satire affectueuse du snobisme du monde littéraire , le style léger, plein d'humour et d'ironie; les notes à pied de page où il semble que l'auteur réponde aux perplexités de son lecteur.
L'INCOMMUNICABILITÉ
On a remarqué le contraste entre la légèreté du ton et la profondeur des thèmes traités, par exemple l'incommunicabilité: "On ne connaît jamais personne, et surtout pas les hommes" dit Joséphine page 112; Madeleine qui n'en revient pas de découvrir que son pizzaiolo de mari ait écrit un roman à succès “ Mais pourquoi lui avait-il tout caché? Ces quelques pages entre eux créaient un fossé” p. 101 Joséphine encore lorsqu'elle se rend compte que son mari n'est intéressé que par les éventuels Ébénéfices des ventes du livre; Jean Michel Rouche et sa compagne Brigitte, Delphine et Frédéric complices mais qui ne se comprennent pas toujours.
Et encore, cette idée que, en fin de compte, ce n'est pas le livre en lui-même qui a du succès mais c'est son auteur ou présumé tel, c’est le pizzaiolo sur la tombe duquel il y aura un véritable pèlerinage.
De là, la réflexion d’une d’entre nous, ex- professeure de littérature française: Avec mes élèves, nous a-t-elle dit, j'insistais plus sur le roman que sur l’auteur mais, pour attirer l’attention et capturer l'intérêt, parfois il faut passer par l’auteur.
Intéressante aussi la critique de notre époque caractérisée par la domination de la forme sur le fond, les apparences avant tout comme dans un reality.
Enfin, pouvoir, magie de la littérature, de nombreux couples vont avoir leur vie bouleversée par la lecture de “Les dernières heures d’une histoire d’amour” : Delphine et Frédéric, Joséphine et Marc, Rouche.et Brigitte et le trio Magali, Jérémie, José.
Seul petit bémol, au niveau du rythme de la narration, il nous a semblé qu’à partir du milieu, l’auteur, comme s’il avait hâte d’en finir, accélère le dénouement.
En conclusion, j’ajoute que le metteur en scène Rémi Bezançon en a fait un film, un peu différent par rapport au livre. Fabrice Lucchini y interprète magistralement Jean Michel Rouche. A voir si possible en VO pour profiter à plein du jeu de Lucchini, si on aime…. évidemment. (M.R.)
Le Mystère Henri Pick - David Foenkinos - Edition Folio
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